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AVANT-PROPOS


Suivant les Annales des Liang, « Tcheou-hing-sse, l’auteur du Livre des mille mots, était surnommé Sse-tsouan ; il était né à Hiang, dans l’arrondissement de Tchin. L’empereur ayant choisi mille caractères différents dans l’ouvrage de Wang-i, célèbre calligraphe, ordonna à Hing-sse de les classer de manière à en faire un texte suivi et de les mettre en vers. Après avoir pris connaissance de son travail, il en fut extrêmement satisfait, et récompensa Hing-sse en lui donnant de l’or et des pièces de soie. »

On lit dans l’Encyclopédie Thai-p’ing-kouang-ki : l’empereur Wou-ti, de la dynastie des Liang (502-549 après J.-C.), enseignait lui-même à écrire aux jeunes princes de sa famille. Il ordonna à In-tie-chi de calquer dans l’ouvrage de Ta-wang (le même que Wang-i), mille mots différents sur autant de morceaux de papier séparés, puis de faire disparaître leur disposition primitive, en les brouillant pêle-mêle. Après quoi, l’empereur appela Tcheou-hing-sse et lui dit : « Excellence, comme vous avez du talent et de l’imagination, je vous prie de me mettre en vers ces mille caractères. »

Hing-sse s’acquitta de ce travail en une seule nuit, mais tous ses cheveux devinrent blancs. L’empereur lui accorda de riches présents[1].

Voici un petit ouvrage qui, depuis plus de douze cents ans, n’a cessé d’être en Chine le premier livre élémentaire qu’on met entre les

  1. La petite biographie Tseng-pou-chi-tso-tsien-chi, livr. I, fol. 33, nous apprend que Hing-sse, qui était un lettré éminent, avait commis un délit qui l’exposait à un châtiment sévère, et il semble que l’empereur lui avait imposé ce travail ingrat et pénible comme un moyen d’expier sa faute.