les reliures furent donc relativement assez simples ; mais il est
absolument à remarquer que la qualité du travail d’ensemble,
en un mot le mérite du corps d’ouvrage, dépasse par sa perfection
ce qu’on avait fait jusqu’alors, et que certains types de
cette époque pourraient encore servir de modèle aujourd’hui. Il
nous a été donné souvent d’avoir entre les mains des volumes de
petits et moyens formats à filets sur les bords et à petits fers
aux entre-nerfs, par conséquent très simples de dorures, mais
dont les châsses basses, le choix du maroquin, la confection de la
couture et de l’endossage ne laissaient absolument rien à désirer.
C’était plus un enchantement pour la main que pour les yeux !
Boyet fut sans doute le premier relieur qui s’attacha et réussit à si bien soigner cette façon du corps d’ouvrage. Duseuil, qui s’établit vers 1705, et Antoine-Michel Padeloup, fait maître vers 1712, durent l’imiter de très près et même l’égaler, car leur réputation le dispute à la sienne et leurs noms à tous les trois marchent toujours ensemble.
Il est impossible de se faire une idée exacte du talent de Duseuil : on ne connaît de lui aucune reliure authentique, et de plus on ne sait s’il fut doreur en même temps que relieur, ou s’il ne fut que l’un ou l’autre. Il faut se contenter de savoir qu’il jouissait de son vivant de la plus grande réputation ; mais pour Antoine-Michel Padeloup, c’est tout autre chose. Il était relieur et doreur ; puis il est d’autant plus facile de s’édifier sur ses œuvres qu’il en marquait le plus grand nombre d’une petite étiquette à son nom, ce que ne firent jamais ni Boyet ni Duseuil.
En sa qualité de relieur et doreur tout à la fois, il revenait
pour ainsi dire à Padeloup dit le Jeune de chercher à apporter
quelques modifications dans les goûts du moment en fait de
reliure, et c’est lui, en effet, qui paraît avoir été l’initiateur d’un
engouement dont la persistance devait se maintenir presque
tout le xviiie siècle. Il s’agit des reliures mosaïques, qu’il pouvait,