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cette vérité de convention, que les générations contemporaines se créent souvent, et transmettent aux générations futures comme la vérité authentique, mais cette vérité des faits eux-mêmes, qu’on ne trouve que dans les documents d’État, et surtout dans la correspondance des grands personnages. J’ai de la sorte employé quelquefois une année à préparer un volume que deux mois me suffisaient à écrire, et j’ai fait attendre le public, qui avait bien voulu attacher quelque prix au résultat de mes travaux.

Je dois ajouter qu’au scrupule s’est joint chez moi le goût d’étudier à fond comment, à l’une des époques les plus agitées de l’humanité, on s’y était pris pour remuer tant d’hommes, d’argent et de matières. Les secrets de l’administration, de la finance, de la guerre, de la diplomatie m’ont attiré, retenu, captivé, et j’ai pensé que cette partie toute technique de l’histoire méritait de la part des esprits sérieux autant d’attention au moins que la partie dramatique. À mon avis, la louange, le blâme pour les grandes opérations ne sont que de vaines déclamations, si elles ne reposent sur l’exposé raisonné, positif et clair de la manière dont ces opérations se sont accomplies. S’extasier, par exemple, devant le passage des Alpes, et, pour faire partager son enthousiasme aux autres, accu-