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les cités tributaires comme à Athènes où le parti populaire est le parti patriote. C’est que le peuple de ces villes, composé d’éléments fort mêlés, trouve son avantage dans la guerre et sa véritable patrie dans l’empire athénien. Le poids des tributs ne pèse guère sur lui, et là comme à Athènes, démocratie signifie liturgie et impôts payés par les riches. Et c’est chez lui qu’Athènes recrute en partie le personnel bien rétribué de sa marine. De sorte que la démocratie et la vie maritime étaient malgré tout deux forces qui tendaient à constituer et à unir un empire athénien. C’est sur elles que comptait Périclès. Mais si l’une et l’autre peuvent rendre, à la longue, supportable, facile et forte l’économie de cet empire, elles ne suffisent point à le fonder, à attirer dans l’orbe d’Athènes les autres démocraties maritimes. L’empire maritime et démocratique d’Athènes reçut sa première blessure grave quand il en vient à luter avec une autre démocratie maritime. Les Syracusains « qui ressemblaient le plus aux Athéniens furent aussi ceux qui les combattirent le mieux » (VIII, 96).

Autant une telle démocratie maritime, parvenue à sa pleine puissance, constitue pour l’empire athénien un danger de rivalité, et tire de sa ressemblance avec Athènes les moyens mêmes de lutter efficacement contre Athènes, autant les imitations d’Athènes, les velléités de démocratie maritime dans une cité encore faible représentent pour Athènes et son empire un avantage, un forme utile à encourager. Il est de bonne politique de multiplier de petites Athènes, faites à l’image de la grande et satellites qui gravitent autour d’elle. De petites Athènes, c’est-à-dire des villes reliées à leur port par des Longs-Murs et ainsi déversées vers la mer : telles Mégare et Fatras. (V, 52). Si, comme Mégare, elles