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Thèbes à arracher. Les Athéniens à Mélos travaillent sur le modèle que leur ont donné les Lacédémoniens à Platées. Platées depuis le jour de la grande bataille contre les Mèdes, est, de par le serment qu’a prêté Pausanias, placée sous la garantie de tous les Grecs qui combattirent. Ces souvenirs héroïques ne pèsent point devant l’impitoyable nécessité d’une guerre que les hommes ne mènent pas, mais qui mène les hommes. Le roi de Sparte, Archidamos, est d’ailleurs un honnête homme, qui propose aux Platéens tous les expédients possibles et qui, triste de ces souvenirs, s’achemine avec répugnance à l’inévitable. Il faut que Platées soit extirpée du territoire béotien, et, après une défense héroïque, les Platéens restés dans la ville subissent le sort qui sera plus tard celui des Méliens. Les femmes deviennent esclaves et tous les hommes sont mis à mort. À Salamine les Éginètes avaient obtenu le prix de la bravoure. Mais, si Platées est une épine, Égine est une chassie dans l’œil du Pirée, et les Éginètes sont traqués, exterminés par les Athéniens. Ceux d’entre eux que Périclès avaient expulsés d’Égine et que les Lacédémoniens avaient installés à Thyrea en Cynurie sont eux-mêmes poursuivis et massacrés tous en haine de leur nom. Il ne reste aux Lacédémoniens et aux Athéniens qu’à mendier, en lui livrant des Grecs, l’alliance du grand roi, et ce pas est franchi dès la cinquième année de la guerre. Après le désastre de Sicile, il y a chez les alliés d’Athènes une révolte générale. Juste à ce moment les Péloponésiens ont une marine puissante. Il est donc naturel que le siège de la guerre se transporte en Ionie, où il s’agit pour Sparte, en détachant d’Athènes les Ioniens, de couper en deux l’empire athénien. Mais on ne peut les en détacher qu’en les attachant ailleurs, puisque les Péloponésiens n’auront