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révoltés, lutte surtout contre les Péloponésiens que même avant la grande guerre ils « rencontrent dans tous leurs différends ».

Les Athéniens, comme l’a prévu Thémistocle, après avoir conduit toutes ces guerres ensemble, sont amenés à sacrifier la moins utile, celle contre le Barbare. En même temps l’Occident apparaît davantage comme un champ nécessaire d’expansion pour l’activité athénienne, et le système du golfe de Corinthe, d’Étolie, de Corcyre, de Grande Grèce et de Sicile équilibre celui d’Eubée, d’Amphipolis et de Thrace.

Cette politique est liée comme du temps de Thémistocle au gouvernement démocratique, et suit automatiquement la révolution de 462, la chute de l’Aréopage et de Cimon, la faillite de l’entente avec Lacédémone, la victoire d’Éphialte et de Périclès, l’accession au pouvoir de la classe nouvelle, celle des thètes, les vainqueurs de l’Eurymédon, (qui allaient prendre jusqu’au désastre de Sicile la place décorative et politique tenue autrefois par les Marathonomaques), l’occupation de Naupacte en 460, celle de la Mégaride l’année suivante, l’écrasement des Éginètes et la conquête de l’île en 457. À cette activité en Grèce se joint celle qu’Athènes déploie en Égypte, qui aboutit à une catastrophe et qui a les mêmes contre-coups que plus tard la ruine de l’armée de Sicile. La Béotie et Mégare sont perdues, on manque de perdre l’Eubée, l’invasion de Plistoanax fait courir à l’Attique le plus grand danger, et la politique de Périclès subit jusqu’à la guerre du Péloponèse un temps d’arrêt, employé à la consolidation de l’empire, aux constructions de l’Acropole, à l’accumulation des ressources pour la grande guerre inévitable.

Ainsi, à Athènes comme dans la France de la Révolu-