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ne se passe que cinquante ans entre le départ de Xerxès et le commencement de la guerre du Péloponèse. C’est pendant ce temps que se constitue avec une activité de flamme l’empire maritime d’Athènes. « Les Lacédémoniens, qui y assistaient, ne s’y opposèrent pas, si ce n’est à des occasions passagères, et ils demeurèrent presque tout le temps dans l’inaction, n’étant guère prompts à entrer en lutte à moins d’y être forcés, et occupés du reste dans des guerres intestines » (I, 118). Entre cette rapidité athénienne et cette lenteur lacédémonienne, la Grèce prend conscience de ses deux pôles, de ses deux essences. Les Lacédémoniens ne s’alarment et ne s’arment que lorsque les progrès de la puissance athénienne viennent ronger et dissoudre, dans le Péloponèse même, le cercle d’alliances dont ils croyaient avoir fait le rempart de la paix.

La logique de l’impérialisme athénien apparaît dès le début avec toutes les pentes qui l’entraîneront là où il se brisa, mais où il aurait pu réussir. Il conserve jusqu’au bout les caractères que lui a reconnus ou que lui a donnés Thémistocle.

La politique de Thémistocle, avant, pendant et après les guerres médiques se ramenait à quelques idées simples. Il s’agissait de faire d’Athènes la grande puissance maritime et commerciale de la Grèce. Or il était inévitable que l’on rencontrât de ce côté l’opposition des autres États grecs, particulièrement de Sparte et de Corinthe. Aucune entente durable n’était possible. Il fallait donc prendre ses dispositions en conséquence. L’histoire de Thémistocle, proposant aux Athéniens de détruire par