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nourri et attachant sur Thucydides and the history of his age.

Aucun pays grec, pense-t-il, sauf la Thessalie, ne peut suffire à sa nourriture. Tous sont obligés de vivre en ajoutant à leur récolte insuffisante le produit de l’échange de leur vin, de leur huile et de leur industrie contre les blés du dehors. Dès lors, pour ruiner une ville, il suffit de la bloquer et de dévaster, au moment de la récolte ses champs, ses vignes et ses olivettes. C’est la destinée de la malheureuse Mégare, type de la ville affamée par ses ennemis. On peut donc croire légitimement que le blocus maritime et le ravage des terres, poussés rigoureusement, suffiront pour venir complètement à bout d’un ennemi. De là, au début de la guerre, la confiance des Athéniens dans le premier et des Lacédémoniens dans le second de ces moyens, l’espoir, des deux côtés, d’une guerre décisive, et, à mesure que la guerre s’allongeait dans le temps, l’extension, dans l’espace, de la périphérie où il fallait aller frapper pour tarir à l’ennemi les sources de son ravitaillement.

Évidemment ce doit être là une de nos idées directrices dans notre connaissance de la guerre du Péloponèse, bien que Thucydide, pour des raisons que nous avons cherchées, ne la formule pas de façon explicite. Mais il ne faut pas faire de cette idée directrice un système absolu. En particulier il est fort possible que le Péloponèse ait pu se suffire à peu près à lui-même, surtout si l’on tient compte des fissures inévitables de tout blocus (il y en avait bien à celui de Sphactérie), et trouver indéfiniment les ressources nécessaires. L’affirmation contraire des historiens économistes modernes est fondée surtout sur des considérations empruntées à l’économie agricole de la Grèce actuelle. Mais cela a