cours, plutôt caboteur (on a hésité sur la désinence), dépourvu de la forme apollinarienne de mystification, mais non de charmantes impostures, et en somme, dans ces années trente, l’ancien marinier, resté en vue, de cette nef de Pantagruel qui a traversé la poésie des années dix et des années vingt, et pour laquelle nous gardons un faible.
Un faible intelligent, le lecteur n’en doutera pas, puisqu’il s’agit d’obtenir de l’oracle de la Dive le secret des destinées de la poésie. Malheureusement la réponse est ou aurait été peu encourageante. Expériences curieuses, mais infructueuses. Reviendrons-nous dans notre petit Liré planter l’alexandrin, voir fleurir la rime riche, nous enorgueillir de nos plates-bandes de sonnets, faire éclater au bout d’un jardin de curé le parterre flamboyant et bien arrosé d’une ode hugolienne ? Non. Tout de même l’élan d’une poésie est dans l’invention, l’aventure et l’air en mer…
La Jeune Parque, publiée en 1917, ne mit que quelques mois à faire son chemin, le temps que mirent trois à quatre cents amateurs de poèmes à la savoir par cœur, comme ils savaient par cœur Racine et Hugo. Ce poème de la vie intérieure entra dans des mémoires, comme dans une invincible place d’armes, et de là rayonna lentement dans la poésie, y plaça l’action inattendue d’un morceau de radium.
On se trouvait ici sur le bord exactement opposé à Apollinaire et à son groupe, à cette facilité et à cette écriture quasi automatique par lesquelles, d’Apollinaire et de Max Jacob aux surréalistes, des poètes ont consciemment et désespérement refusé la durée, refusé la dureté nécessaire et per-