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quement sous des tonnes de matière verbale qui valent le déplacement : soit la lecture de Je m’accuse, des Dernières Colonnes de l’Église, et surtout des volumes du Journal de Bloy. Mais cette réaction de l’injure répond chez Bloy à une action de la souffrance. Le Désespéré et la Femme pauvre témoignent d’épreuves incroyables. Les parties de damné qu’il y a chez Bloy sont compensées, ou cautérisées, par des parties de sainteté. Tout au moins si l’on en juge sur ceci qu’il a produit des conversions, qu’il y a eu dans le monde des écrivains de véritables convertis de Léon Bloy.

La littérature de réaction est surtout une réaction de la littérature : soit d’une personnalité véhémente contre le conformisme, les idées reçues, les « lieux communs » dont Bloy a écrit l’Exégèse. Elle fait partie du sel de la vie littéraire. L’Action française donnera une doctrine générale de la réaction ; et le style de la réaction, dont on trouverait des exemples dans Léon Daudet, Claudel, Maritain, reste aujourd’hui plus vivant que jamais.