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II
L’HISTOIRE
La suite
du mouvement de 1820
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Le mouvement de 1820 avait créé un genre important et majestueux : l’histoire à considérations générales. Dans l’Académie des Sciences Morales et Politiques, cinquième Académie, celle que l’Institut de France doit à la monarchie de Juillet, et qui fut composée de sections, il y eut une section de l’Histoire Générale et Philosophique. Ce nom, aujourd’hui archaïque, constitue un témoin très exact de la température où vit et se développe l’histoire sous la monarchie de Juillet. Il ressemble à un portrait de M. Guizot. Il convient d’ailleurs à tous les historiens notoires de l’époque, à Michelet autant et plus qu’à un autre.

Cette histoire générale et philosophique était d’ailleurs une histoire informée. Précisément sous l’impulsion de Guizot, d’immenses publications de textes historiques avaient été entreprises, les Documents inédits sur l’histoire de France, auxquels l’initiative privée ajoute les publications de la Société de l’Histoire de France. Et beaucoup d’autres. Plus que toute autre discipline et toute autre littérature, l’histoire est un atelier, une coopération, une industrie intellectuelle, qui s’est organisée à cette époque. Son évolution ne ressemble pas à celle des autres genres littéraires. Les générations se succèdent moins rapidement, procèdent davantage par continuité, moins par contradictions, polémiques et remplacements.

Aussi la génération de 1850 a-t-elle à peu près continué en histoire la génération de 1820. Comme l’histoire est, au contraire de la poésie et du théâtre, un genre propre à la