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CHAPITRE II.

Du destroict anciennement nommé Calpe, et au-iourhuy Gibaltar.


Destroit de Gibaltar Costoyans donc l’Espaigne à senestre, auec un vent si calme et propice, vînmes iusques vis à vis de Gibaltar, sans toutesfois de si pres en approcher pour plusieurs causes : auquel lieu nous feimes quelque seiour. Ce destroit est sus les limites d’Espaigne, diuisant l’Europe d’auec l’Afrique : comme celuy de Constantinople, l’Europe de l’Asie. Plusieurs tiennent iceluy estre l’origine de nostre mer Mediterranée, comme si la grande mer pour estre trop pleine se degorgeoit par cest endroist sur la terre, duquel escript Aristote[1] en son liure du monde en ceste manière : l’Ocean, qui de tous costez nous enuironne, vers l’Occident pres les colonnes d’Hercules se respandpar la terre en nostre mer comme en un port, mais par un embouchement fort estroict. Isles et autres singularitez de Gibaltar. Aupres de ce destroit se trouuent deux

  1. Aristote. De mundo, iii, 3.