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I lv NOTICE SUR LA VIE que la plaisanterie de Plante est déiicate, polie, in- pour répandre au loin dans le peuple de nobles génleuse, pleine de se] et de gaieté. sentiments , pour exciter de généreuses passions. Le plus grave reproche qu’0n lui adresse d`0r- Bonne dut peut-être plus cl`une victoire à ses allu- dinaire, e’estla licence de son dialogue. On ne pré- sions éloquentes , E1 1`entlmusiasme qu`e|les exci- tend pas ici lejustilier, quoique ce cynisme accuse talent dans la multitude assemblee. Un si noble plus le public que le poëte. Mais le théâtre mo- emploi du talent, de pareils succès prouvent que derne a·t-il été toujours bien honnête et bien Plante comprenait la mission morale du poëtcdra· chaste? Plnute a·t—il des plaisanteries beaucoup matique; de pareils sentiments peuvent faire par- plus indécentes que Shakspeare et ses imitateurs donnerdes libertés, des licences même, qu’aut0ri- écrivant pour les seigneurs et les nobles dames saient les mœurs, le goût du temps elles habitudes d`une conr policée 9 bios vieux comiques, les l'ou- du Iangxage. dateurs de notre théâtre français sont ils toujours La fable de ses drames n’cst pas compliquée reservés et pudiques? Les novateurs d`au_i0urd’l1ui connue celle des nôtres : si l`ou excepte Amphi- le s0nt—ils eur-mêmes, eux qui n’ont que la Séduc- lryon, les lllemzclmzes etl’Ij72idic1¢s,l'intrigue est tion, l`adultèl’c et le viol pour ressort dramatique? faible etde courte haleine : deux ou trois situations, Plaute, en se servant de ces faciles moyens de suc- un incident sutlisent au poëte. L’art de faire naitre cès., suivait le goût , les mœurs d’un siècle à demi l les événements, <l’exciter la curiosité par des obs- barbare. Dlais son génie supérieur savait très-bien taeles sans cesse renaissants, est, il faut en com e- que la décence n’est pas incompatible avec la nir, la gloire du théâtre moderne: les anciens Pont gaieté comique; il méprisait même ces équivoques il peine entrevu. Mais il y supplée souvent par grossières, ces quolibets obscènes qu'ilemploya1t une profonde connaissance de cœur lnnnain , par trop souvent : témoin ce passage du prologue des un langage naturel et passionne. Son dialogue Capttfs. Nous n’entend1·ez pasici de vers cyniques, a, suivant la situation, une verve, une gaieté, une « comme dans la plupart des comédies : ma pièce éloquence entraînantes. Sou style est tour à tour « est un tableau de bonnes mœurs. » Cette amende plein de grâce et de force. Il mérite ce mot de honorable faite devantle publie pourlui etses cou- Varron : « Cécilius a la palme pour le choix des f1·ères,dans des termes pleins de délicatesse et d`é- « sujets et pour Piutrigue, T éreuce pour la moralité, lévation, doit obtenir le pardon de quelques infrac- « Plaute pour le dialogue 2 et si les Muses vonlaiiut tions aux hiensénnees, qui d’ailleurs sont moins ·· parler latin, ellesemprunteraient la langue de fréquentes qu`ou ne pense. « Plante. » Plautc, comme tous les grands écrivains de l’an- On 21 beaucoup blâme ces prologues qui expli- ' tiquité, mêle toujours à la plaisanterie, aux fables quent devance 1`intrigun et disent au public le se. les plus gaies, une morale élevée, une philosophie oret dela comédie. On ne songe pas assez au nom- profonde. Il connaît le cœur humain, il a pénétré lire ct à la condition des spectateurs de Fzmtiquité. ses faiblesses, ses préjugés; il les gourmande avec L’auditoire était immense, Calêlillll le peuple pres- vigueur, avec courage, mais aussi avec une indul- que Iout entier; Yinstruction était peu répandue, gente sensibilité. Au milieu dîinages parfois li- [intelligence du public peu développée, 1'attentiou cencieuses, sous des expressions lascives, cyniques distraite par la foule. Une représentation était une même, vous trouverez une morale pure, l’am0ur fête puhlîque,doul:u0s spectacles gralîsoff rent une du bien et de la vérité. Dans ses comédies les plus image assez exacte , quoique bien restreinte. Chez libres, les plus gaies, vous verrez développé, mis en l nous, c`est une société choisie, habituée aux intri- action ce quo les spéculations de la philosophie 1 gucs du théâtre par des représentations de cliaque ancienne oftrentde plus austère et de plus sublime. jour. Mais En Home, au milieu de ce tumulte. de Vous y rencontrerez de grandes hardiesses contre cette cohue de spectateurs ignorants, inattentifs, les croyances snperstitieuses du paganisme , le turbulents,l`auteur avait besoin, pourêtre compris, dogme dela providence hautement proclamé, comme dc préparations, <l’une sorte d’ana|yse anticipée, qui dans le Câble, la critique éloquente de tous les détruiraient l`intérêt de nos comédies. Ce pro- scandales de son temps, Pintrieue qui ouvre la gramme, loin tïémousser la curî0sité,l`excitait et carrière des honneurs, la cupidité qui fait les ma- donnait à Yauditoîre le moyen de suivre les per- riuges, le luxe et la débauche qui ruiuent et divi- sonnages à travers les incidents de Vintriguez sentles familles, perdentlesjeunes gens et dcshono- Nous nous rappelons aussi ce vers des Captf/s: rent les vieillards. Avec quelle énergie il Ilétrit la , , . . r ._ . , Imc ies ngitur nolm, vobxs fabula. conduite barbare des maures enversles esclaves! De quelle utilité pouvait être cette leçon, quelle se- l « Les événements de cette pièce seront réels mence de réforme ne pouvait-elle pas jeter dans « pour nous; pour vous, spectateurs, ce ue sera une société oil Coton, le sage Caton vendait ses « qqun; comédie, li vieux esclaves, pour n’avoir pas il les n0urri1· inn- On y verra, ainsi que dans plusieurs autres pas- tiles et infirmes! Aussi hon citoyen que moralistc sages, la preuve que les amiens ne prétendaient pas, profond, il saisit toutes les occasions de célébrer la comme les modernes, au mérite souvent chimé- gloire de Borne, d’iuspirer l'amour de la patrie; il rique d’une illusion parfaite au théâtre : ils ne se ne se sert du théâtre que Pomme d'uu vaste organe I ilattaicnt pas de faire oublier qu`on était dans une