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hasard, aucun n’inspirait à Dingley des sentiments plus bienveillants et des réflexions plus apaisantes, qu’un jeune homme, un jeune Boer, un Afrikander plutôt, fils aîné de l’honorable M. Prétorius du Toit, ancien vice-président du Parlement de Capetown.

Du Toit sortait d’Oxford. Il avait passé là-bas, à Trinity Collège — le même collège où Dingley avait pris tous ses grades — trois ou quatre années d’étudiant. Rien ne le distinguait de tous ces jeunes Anglais, rasés, raclés, élégants et nets, qu’on voyait en pyjamas après le tub matinal, en veston de tweed tout le jour, et le soir, en smoking, au fumoir, devant un whiskey-soda. Non, rien ne l’en distinguait. Et c’était justement par là qu’il plaisait au romancier. Comme eux, il avait l’œil frais, l’air virginal et sain d’un garçon vigoureux, bien nourri, bien entraîné, qui a fait du canot sur la rivière, qui sait le prix d’une partie de foot-ball et de cricket. Celui-là, pensait Dingley en arrêtant sur le jeune homme le regard d’un éleveur, qui contemple avec amour dans