Page:Tharaud - Dingley.djvu/46

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rencontrés ; il n’en connaissait pas qui pussent les égaler en horreur, mais alors il n’avait pensé qu’à les bien voir, sans que rien vînt troubler chez lui cette sensibilité modérée de l’artiste, qui arrête sur l’humanité le regard du chirurgien sur le patient qu’il découpe.

Connaîtrait-il jamais la vraie physionomie de cette campagne, s’il ne la voyait de ses yeux ? Le télégraphe et les journaux pouvaient-ils l’approvisionner de ces faits, de ces menus faits qui échappent à tous les regards, qu’il était seul à découvrir, et grâce auxquels il donnait, avec une intensité surprenante, l’illusion de la vie ? Là-bas, sur le visage du monde on effaçait quelque chose. Il était curieux de surprendre, sur l’Orange et sur le Vaal, les formes spéciales que revêtaient, à cette heure, la vie et la mort.


Son embarquement fut un triomphe.

Il y a, dans l’existence d’un peuple, des heures où tel de ses écrivains prend soudain une importance, une dignité qui l’égale et