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marins sur des planches, avec ça elle avait conquis le monde. Un succès si magnifique et un capital si restreint, c’était là le Miracle anglais. Dingley l’avait-il oublié ?

Les music-halls le chansonnèrent, les journaux satiriques le rendirent grotesque. On le renvoya légiférer chez les buffles et les singes, et donner des lois à la Jungle.

Déchu de sa royauté spirituelle, Dingley connut alors quelque chose de la mélancolie que promènent dans Londres, sous des redingotes indécentes, les monarques dépossédés de l’Orient ; quelque chose de la tristesse spéciale aux vieilles actrices, aux vieux cabotins, aux vieux poètes, à tous ceux qui vivent sur l’émotion humaine — dispensateurs de joies éphémères — un sentiment amer, encore ignoré de lui, qu’il chercha longtemps à préciser et qu’il finit par reconnaître pour une sorte de dégoût de l’humanité.

Il méprisa de se défendre. L’histoire de Barr serait sa réponse.

Mais si les lourds steamers, en apparence