Page:Tharaud - Dingley.djvu/159

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chardons argentés. D’innombrables ramiers y font leurs nids dans les pierres, et souvent on pouvait voir un aigle, familier de ce lieu, qui lissait du bec son plumage à la cime du plus haut rocher.

C’est là que dort Archie Dingley. Son père l’a voulu ainsi.

Tous les jours, sous le soleil accablant, Dingley montait là-haut. Son pas n’effrayait plus les ramiers, et même le vieil aigle à son approche ne quittait pas sa retraite. Immobile pendant des heures, à côté de la large dalle sous laquelle dormait son enfant, le romancier laissait errer ses regards sur la plaine qui s’étend vers le Nord, toute couverte de ces étranges pierres plates qui font ressembler cette campagne à quelque cimetière sans limite.

Qui dira les rêves, les pensées qu’il venait ainsi poursuivre en face de ce triste horizon ? Un seul témoignage en subsiste : cette poésie qu’il a gravée dans le granit de la tombe :