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Conclusion

Le monde du logiciel libre approche de la maturité : après sa période de jeunesse où il était marginalisé, ne proposait pas ou peu de logiciels, réservés aux informaticiens chevronnés, il a investi les réseaux, avant de proposer des applications métier. Son excellence repose sur le respect des standards, qui assure à ses produits efficacité et pérennité. Le coût souvent nul d’achat intervient également dans ses récents succès.

Son succès provient également sur la souplesse de son modèle, qui a pu sortir en-dehors de la programmation pure pour s’élargir à la diffusion de connaissance, et se poser en alternative au modèle du logiciel propriétaire. Devant les insuffisances, notamment éthiques de celui-ci, de plus en plus d’acteurs, notamment les États et les collectivités publiques, se tournent désormais vers le logiciel libre, lui assurant ainsi financement et reconnaissance publique.

En effet, deux des logiciels évalués sont nés d’une initiative publique, en Nouvelle-Zélande. Appuyés sur des utilisateurs directs et un financement public, les développeurs du libre ont rapidement créé des logiciels fonctionnels. Un autre des logiciels évalué est une commande d’un particulier mécène, et sert à constituer une encyclopédie elle aussi libre.

Le logiciel libre, spécialiste des réseaux et des bases de données, a certainement beaucoup à apporter au monde de la documentation. Or, il apparaît que le secteur des logiciels libres n’offre pas de logiciel spécifiquement tourné vers les besoins du documentaliste. Les fonctions attendues, gestion fine de la description documentaire, thésaurus, indexation ne sont pas disponibles. La communauté du logiciel libre, même si elle est très généreuse, ne fonctionne pas de cette manière. Elle est capable de répondre à des demandes variées, spécifiques et pointues. Elle peut le faire en adaptant ses outils et ses solutions. Mais elle ne prévient pas les besoins. Elle y répond. Encore faut-il qu’il y ait une demande, et je crois que les documentalistes se sont encore peu exprimés.

Les logiciels testés sont pourtant proches de ce qui conviendrait à des documentalistes. Les adaptations à faire sont mineures. Mais pour qu’elles soient réalisées, il faudrait que les documentalistes osent discuter d’égal à égal avec les personnes qui leur attribuent des budgets et avec les informaticiens qui programment, en fin de compte, pour eux. Il est donc nécessaire que les documentalistes se prennent en main et prennent conscience de leurs besoins, et de leurs compétences, et les expriment.

Si ils ne le font pas, ils disposeront toujours de logiciels performants, mais incomplets, et devront s’adapter à des outils qui ne sont pas faits pour eux.