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par rapport au reste du monde, sont parmi les premiers à se dégager de son emprise. Les articles de presse illustrant mes propos se trouvent en annexe B.

On peut citer Israël : en 2004, aucune des licences de Microsoft Office ne sera renouvelée par le gouvernement israélien. Celui-ci s’est tourné vers les logiciels libres. Outre les arguments économiques, les représentants du gouvernement israélien avancent des motifs d’ordre démocratique : selon Inon Elroy, chef du département des affaires commerciales à l'ambassade d'Israël à Paris « Le gouvernement israélien veut donner à chaque citoyen les moyens de s'équiper gratuitement en logiciels ». Une distribution de CD de la suite a été faite à tous les écoliers du pays.

Toujours semble-t’il pour des raisons de spécificité culturelle, mais également pour se défaire de l’emprise d’un fournisseur par trop exclusif, la Chine, la Corée du Sud et le Japon ont décidé de créer un système d’exploitation destiné à leurs administrations, basé sur Linux, et nommé Asianux. Développé par les sociétés chinoise Red Flag et japonaise Miracle Linux, la première version a été présentée trois mois après l’annonce commune des trois gouvernements.

Aux États-Unis même, l’État du Massachusetts se tourne vers les logiciels libres et leurs standards ouverts. L’administration de cet État a ainsi décidé de privilégier les solutions fonctionnant avec le XML (eXtensible Markup Language) et SSL (Secure Sockets Layer).

La Thaïlande, la Norvège, la Corée du Sud, Taï-Wan, des collectivités locales allemandes ont aussi, à des degrés divers, remis en cause l’omniprésence des produits Microsoft. Il semble toutefois qu’il ne s’agissait dans certains cas que d’une tactique pour obtenir des rabais.

Dans les pays en voie de développement, ces logiciels au coût d’acquisition nul et demandant des ressources matérielles limitées représentent une opportunité très intéressante. C’est pourquoi l’Unesco soutient le développement de certains logiciels libres, dont Greenstone.

Au Pérou, le député Villanueva Nuñez est l’auteur d’une lettre destinée au Directeur général de Microsoft Pérou qui résume parfaitement les enjeux du choix de tel ou tel type de licence logiciel pour un État. Seule l’utilisation de formats ouverts et standards permet l’accès de tous aux informations publiques ; seule l’utilisation de logiciels à code source ouvert permet à un État de garantir que l’évolution de ceux-ci ne compromet pas la pérennité de la lisibilité des données ; seul l’accès au code source des logiciels permet de garantir qu’aucune fuite d’information sensible ou prise de contrôle à distance n’est possible. Ainsi le logiciel libre, mieux que le logiciel propriétaire, permet de lutter contre l’exclusion et de protéger le patrimoine public.

En Europe, la Commission européenne encourage depuis plusieurs années les logiciels libres. Elle finance certains projets, s’équipe en logiciels libres, et recommande leur usage aux pays membres, enquête (et condamne) sur les pratiques déloyales d’un des principaux éditeurs de logiciels. Le rapport « Créer des parcs de logiciels ouvert », publié en 2002, recommandait la mise en commun au niveau européen d’applications spécifiques aux administrations publiques, en utilisant les briques logicielles du libre. Ce rapport mettait en avant les économies réalisées, outre les recommandations de Bruxelles, la France étudie depuis plusieurs années l’opportunité de s’équiper en logiciels libres. On