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AVANT‑PROPOS DES BACCHIS.



Un jeune homme appelé Mnésiloque, forcé par son père Nicobule d’aller à Éphèse pour recouvrer une somme d’argent que le vieillard y avait laissée entre les mains d’un de ses amis, est absent d’Athènes depuis deux ans. Inquiet de sa maîtresse, dont ce voyage l’a séparé, il a chargé son ami Pistoclère de s’informer en quel lieu elle peut être car des navigateurs lui ont appris qu’elle était partie aussi d’Athènes après lui, et il n’a pas reçu de ses nouvelles. Bacchis, ainsi que les belles de cette condition, ne se piquaient pas plus d’être sédentaires que fidèles. Elles auraient pris assez volontiers pour devise la maxime de Pacuvius La patrie est aux lieux où le bonheur se trouve, Patria est ubicunque bene.

Cette Bacchis a une sœur jumelle qui porte le même nom qu’elle, et qui exerce la même profession. Celle-ci est précisément habitante d’Athènes, et c’est chez elle que Pistoclère a rencontré la maîtresse de son ami ; car Bacchis la voyageuse vient d’arriver à la suite d’un militaire, auquel elle s’était engagée pour un an, moyennant vingt mines (environ onze cents francs). Nous avons déjà vu le même tarif pour l’engagement pareil de Philématie, dans l’Asinaire. Et l’on avait la prétention d’acheter une fidélité inviolable à ce prix-là : c’eût été bien bon marché, en supposant que la fidélité pût se vendre.

Cette Bacchis n’aime point son militaire et elle aime Mnésiloque autant qu’elle est aimée de lui, ou, du moins, autant qu’une âme comme la sienne est capable d’aimer. Mais, pour s’affranchir du joug qu’elle hait, il faut qu’elle rende vingt mines, autrement elle sera traînée captive à la suite de l’ennuyeux Cléomaque.

Tel est l’état des choses quand l’action commence.

Autre incident, nouvelle complication pendant que Pistoclère soignait les intérêts de son ami auprès de Bacchis, le pauvre imprudent s’est perdu lui-même ; l’autre sœur l’a pris dans ses filets