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l’auguste victime que nous pleurons ! Mais elle n’est pas pour nous morte toute entière. Son âme religieuse et royale s’est répandue dans cette lettre qui semble ajouter quelque chose au testament qui vous a légué des vertus plus qu’héroïques, parce qu’elles sont chrétiennes.

« Nous vous remercions, Sire, du don que votre bonté a fait à chacun de nous, de la lettre dont l’art reproduit les traits originaux, mais où notre âme découvre bien mieux l’image du cœur de Marie-Antoinette, reine de France et de Navarre ; nous la transmettrons cette lettre en héritage à nos enfans ; elle leur apprendra qu’il est des vertus supérieures aux égaremens des siècles, et que la religion, qui inspire ces vertus, est, dans le cœur des Rois, le gage le plus sûr du bonheur du peuple. »

Le Roi a répondu : « Je suis sensible aux sentimens que m’exprime la chambre des députés à l’occasion de la communication que je lui ai faite. Aucun événement ne m’a plus profondément touché que cette découverte. J’en rends graces à la Providence qui a voulu révéler les vertus de celle dont je fus le sujet, le frère et j’ose dire l’ami. Je suis sûr que chacun de vous conservera avec soin le présent que je lui fais, et le transmettra à nos neveux, et comme nous, ils rendront justice à celle à qui elle fut si peu rendue de son vivant. » En prononçant ces derniers mots, la voix de Sa Majesté était sensiblement altérée.

La commission a demandé à S. M., par l’organe de son président, la permission, conformément aux lois, de se présenter chez Madame. Cette princesse l’a admise, quoiqu’il fût déjà fort tard. M. Lainé a dit :

« Madame,

« Le Roi vient de nous permettre d’exprimer à votre altesse royale les sentimens qu’a fait naître la lettre de votre auguste mère. Ces nobles caractères ont réveillé en nous la vive douleur que le temps