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M. Lainé. « Messieurs, quelle touchante diversion {{{2}}} à nos discussions politiques, la communication qui vient de faire tressaillir vos cœurs, et que nous avons bien raison de vouloir mettre un frein à ces passions qui renversent les États, et ont fait tomber sur la France les calamités dont la lecture de cette royale lettre rappelle le souvenir ! Une trop vive émotion ne me permet pas de donner cours à cette idée. Cependant l’expression des derniers sentimens de notre Reine nous élève à des pensées plus hautes encore que la politique ; elle élève nos âmes vers la religion, et nous rappelle que la religion seule pourrait être le plus puissant moyen de gouvernement. Quelle sécurité pour les peuples quand elle remplit le cœur des Rois ! Quelle paix, quel bonheur pour les souverains, si elle pénètre dans l’âme du peuple comme dans les âmes royales ! Mais je m’apercois que j’anticipe sur l’expression de vos sentimens : il faut être moins ému et avoir plus de temps pour les exprimer dignement. Je propose, messieurs, qu’il soit fait une humble adresse au Roi, laquelle, s’il le permet, lui sera portée par une députation de 25 membres. Si l’élan de vos cœurs avait besoin d’un exemple, je vous dirais, et je viens d’en être instruit, que la chambre des pairs a voté une adresse au Roi qui doit lui être présentée par une grande députation. »

Un cri général s’élève : aux voix ! aux voix !… Bientôt l’assemblée entière est debout.

La proposition de M. Lainé est accueillie par un suffrage unanime et aux cris de Vive le Roi !

La députation choisie a été présentée le soir même au Roi, et M. Lainé portant la parole, a dit :

« Sire, après la profonde douleur que nous a causée la communication que V. M. a daigné faire à la chambre, notre première pensée est d’admirer la Providence qui a permis au temps de nous révéler les derniers sentimens de notre princesse. Pourquoi faut-il que la tombe seule soit inexorable et retienne à jamais