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posséder une lettre précieuse, dernière œuvre d’une grande Reine, et qui atteste autant sa candeur et son innocence que son amour pour les Français, et sa tendresse pour sa famille.

Le 22 février, on s’occupait à la chambre des députés de la loi sur les élections. MM. les Ministres des affaires étrangères et de la police générale avaient été introduits pendant que M. Serres était à la tribune ; après le discours de ce membre, M. le Ministre de la police générale demande à être entendu ; il monte à la tribune, et du ton qui annonçait l’émotion profonde qu’il allait communiquer, d’une voix sensiblement altérée, il s’est exprimé à-peu-près en ces termes :

« Messieurs, le Roi nous a chargés de vous faire une communication qui doit toucher vivement vos cœurs… » Un profond silence s’établit : la chambre semble pressentir l’objet de la communication : un sentiment d’émotion est empreint sur toutes les physionomies… « La mort du juste n’est jamais perdue pour la postérité : elle donne toujours de graves et salutaires leçons ; la Providence avait permis qu’il restât une trace écrite des dernières pensées, des derniers vœux que formait un monarque dont le nom est à jamais consacré dans le souvenir des hommes ; elle avait permis qu’il existât un Testament de Louis XVI.

« Mais cette consolation ne nous avait point été accordée pour la Reine. Parmi les touchans souvenirs que laissait la plus auguste et la plus infortunée des mères, des épouses et des reines, la fille de Marie Thérèse, cette princesse digne du fils de Saint Louis, digne de partager sa couronne, et son martyre, Dieu seul avait entendu la voix de la Reine mourante : son auguste fille n’avait pas recueilli l’expression de ses derniers vœux. Vingt-trois ans se sont écoulés depuis que cet écrit a été tracé à l’heure dernière de la plus aimée, comme de la plus malheureuse des souveraines. Enfin la Providence a permis qu’il pût être présenté à l’auguste fille de nos Rois, et porter quelqu’adoucissement à ses douleurs,