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On pense bien que les membres du tribunal révolutionnaire n’étaient pas des personnages assez élevés pour qu’il leur fût permis de garder une pièce de cette importance. Aussi ne firent-ils que la signer, et elle fut remise à Robespierre, parce qu’il était le digne souverain d’alors. Mais il ne garda pas long-temps ce trésor de douleur : neuf mois après la mort de la Reine, son tour vint d’expier ses forfaits, et c’est en cherchant dans les papiers du dictateur pour y trouver des preuves de ses prétentions à la puissance souveraine, que les vainqueurs du 9 thermidor firent trouver le Testament de cette princesse. Le constitutionnel Courtois fut chargé de la recherche et par une infidélité digne de ces temps et de ces hommes, et dont nous profitons aujourd’hui, il crut devoir se l’approprier. Il le garda avec tout le soin qu’il méritait, et peut-être avec tout l’intérêt du repentir, pendant près de vingt-deux ans[1].

Enfin il était réservé à la loi du 12 janvier 1816, en assurant notre repos pour l’avenir, de nous procurer aussi l’avantage de

  1. Depuis que ce passage est écrit, il a paru, sur l’objet qui nous occupe, un récit fidèle et complet, qui, s’il remplissait son titre, devrait détailler ce que nous ne faisons qu’indiquer ici. Nous avons dû nous étonner de ne trouver, à la place des faits positifs que nous rapportons, que des hypothèses sur une prétendue violence qui a empêché la Reine de signer son testament.

    Nous aurions pu donner des détails sur un billet adressé à Madame Royale par Marie-Antoinette, sur un gant du Dauphin et sur une boucle de cheveux de la Reine, tous objets trouvés chez Courtois avec le testament. Nous aurions pu aussi indiquer comment le même Courtois offrait, par une lettre adressée à un conseiller-d’état, et dont beaucoup de députés ont eu connaissance, de mettre ces précieux gages aux pieds du Roi, en s’excusant très-maladroitement de ne l’avoir pas fait plus tôt ; lettre et offre qui n’ont point eu d’effet, puisque, dans le même moment, tout était déjà saisi et mis au pouvoir de Sa Majesté, grâces aux soins et à l’extrême vigilance de M. le comte de Caze, ministre de la police générale, qui a su, pour ainsi dire, deviner un dépôt si intéressant.

    Mais nous n’avons voulu faire qu’une notice fidèle, et non un récit complet.