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un nommé Bault, qui conserva tous les égards que l’on pouvait hazarder dans cette circonstance, mais qui ne pouvait approcher sa prisonnière, qu’accompagné de deux gendarmes ; il était la seule personne de la conciergerie qui l’approchât. Or, le 16 octobre, aussitôt que la Reine fut rentrée du tribunal, et il était quatre heures et demie du matin, elle demanda Bault, afin d’obtenir ce qui lui était nécessaire pour écrire. Il lui apporta bientôt ce qu’elle désirait, et il la laissa seule.

Voilà donc la Reine de France occupée à écrire à madame Élisabeth une lettre que celle-ci ne devait point connaître. La voilà donc seule avec Dieu, se reposant en quelque sorte des fatigues du malheur, parce qu’elle voyait un terme à ses infortunes. La voilà libre enfin ; elle ne craint plus ses bourreaux, elle laisse parler son cœur, et nous allons connaître toutes ses pensées à sa dernière heure.

Aussitôt que la Reine eut fini d’écrire, Bault fut rappelé. Elle le chargea d’une lettre… Mais il n’avait pu rentrer sans les deux gendarmes, et il fallut remettre au comité révolutionnaire ce qu’une main bien chère devait conserver. Hélas ! dit Bault à son épouse[1] en rentrant chez lui, ta pauvre Reine a écrit, elle m’a donné sa lettre, mais je n’ai pu la remettre à son adresse ; il a fallu la porter à Fouquier. Voilà des faits peu connus, mais dont nous sommes certains et qui prouvent jusqu’à l’évidence l’authenticité du Testament de la Reine. Comment en effet ne pas reconnaître ce Testament dans la lettre remise à Bault et portée à Fouquier ? Voyons ce qu’elle devint ensuite.

  1. La veuve Bault, qui nous a fourni tous ces détails, ne pouvait approcher de la Reine ; mais Bault, connaissant toute sa vénération pour cette princesse infortunée, ne lui en parlait jamais en particulier qu’en la désignant par ces mots : Ta pauvre Reine !