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absolue ? Ces sublimes attributs résideront au même titre dans le nôtre. Les cherche-t-on vainement dans le dieu que nous proclamons ? Je somme le dieu de Marcion d’y renoncer également. Ainsi deux êtres que l’on gratifie de la souveraine grandeur ne sont pas égaux : le principe même sur lequel repose la souveraine grandeur exclut toute comparaison. Ils ne seront pas davantage inégaux. Une autre loi non moins inviolable veut que l’être souverainement grand ne puisse subir de diminution. Pilote maladroit, te voilà pris dans l’agitation des flots de ton Pont-Euxin. De toutes parts t’enveloppent les flots de la vérité ; tu ne peux t’arrêter ni à des dieux égaux, ni à des dieux inégaux, parce que deux dieux n’existent pas.

Voilà ce qui réfute proprement la pluralité des dieux, quoique toute la discussion roule sur le double principe, nous l’avons resserrée dans des limites étroites où nous niions examiner isolément les propriétés de ces dieux.

VIII. C’est sur l’orgueil que les Marcionites élèvent cet édifice d’orgueil, puisqu’ils introduisent un dieu nouveau, comme si nous avions à rougir du Dieu ancien. Ce sont des enfants qui s’applaudissent d’une chanson nouvelle, mais dont les disciples du vieux pédagogue n’auront pas de peine à dissiper la vaine gloire. En effet, quand ils me montrent leur dieu, ce dieu nouveau pour l’ancien monde, nouveau pour tous les âges qui ont précédé, inconnu à tous les adorateurs de l’ancien Dieu, ce dieu, dis-je, qu’un faux Jésus-Christ également nouveau et inconnu de tous a seul révélé au monde après tant de siècles » et dont jamais nul autre que lui n’a parlé, je me hâte de rendre grâces à leur vanité qui me fournit des armes contre elle-même, en m’apportant la preuve irréfragable de leur hérésie, dans cette reconnaissance d’une Divinité entièrement nouvelle. Cette nouveauté est marquée au même coin que celle du paganisme avec sa légion de dieux pour lesquels il n’y avait ni assez de noms, ni assez d’emplois. Qu’est-ce qu’un dieu nouveau, sinon un faux dieu ? Le vieux