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ingrat et injuste, en ne ressuscitant pas une chair qui. subit tant d’outrages pour sa foi, qui porte en elle-même la mort du Seigneur, et manifeste l’excellence de sa vertu ? il y a mieux. Il demande que « la vie de Jésus-Christ se fasse voir dans notre corps, » de même que nous portons sa mort dans notre chair mortelle. De quelle vie entend-il parler ? De la vie dont nous vivons présentement eu Jésus-Christ. Comment alors ne nous exhorte-t-il pas dans ce qui suit aux choses visibles et temporelles, mais bien aux choses invisibles et éternelles, c’est-à-dire, non pas à la vie du temps, mais à la vie de l’éternité ? Mais non ; en désignant la vie dont nous vivrons un jour dans le Christ, et qui doit apparaître en notre corps, il a manifestement annoncé la résurrection de la chair. « L’homme extérieur se corrompt en nous, » dit-il. Par l’anéantissement éternel après la mort ? nullement. Il veut parler des fatigues et des tribulations qui ruinent le corps. Aussi ajoute-t-il : « Nous ne perdons pas courage. L’homme intérieur se renouvelle en nous de jour en jour. » De là double démonstration ; corruption de la chair par la fatigue et les épreuves ; renouvellement de l’ame par la contemplation des promesses.

XII. « Si cette maison terrestre vient à se détruire, Dieu nous donnera dans le ciel une autre maison, une maison éternelle et qui ne sera point faite de main d’homme. » Non pas que cette demeure faite de la main du Créateur, s’anéantisse tout entière dans la dissolution de la mort ; l’Apôtre voulait rassurer contre les craintes de la mort une nature qui se révolte à l’idée de sa prochaine destruction. Son intention devient plus évidente lorsqu’il ajoute : « Nous gémissons sur le tabernacle de notre corps terrestre, désirant d’être revêtus de la gloire d’en haut. Nous avons laissé notre dépouille ; mais nous ne serons pas trouvés nus. » En d’autres termes, nous reprendrons la dépouille du corps que nous avons laissée. Il insiste : « Car pendant que nous sommes dans ce corps comme dans une tente, nous