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outrages prodigués aux prophètes n’auraient pas touché le Dieu des faux prophètes ; ainsi, les applaudissements donnés aux faux prophètes ne pouvaient déplaire qu’au Dieu des vrais prophètes.

XVI. « Mais je vous dis, à vous qui m’écoutez. » Il accomplissait ici cet ordre solennel du Créateur : « Parlez à l’oreille de ceux qui écoulent. Aimez vos ennemis ; bénissez ceux qui vous haïssent ; priez pour ceux qui vous calomnient. » Il a renfermé tout cela dans un mot énergique d’Isaïe : « A ceux qui vous haïssent, répondez : Vous êtes nos frères. » S’il faut appeler du nom de frères ceux qui nous poursuivent de leur haine, qui nous chargent de malédictions et de calomnies, il nous prescrit donc de bénir nos ennemis, et de prier pour nos calomniateurs, celui qui nous ordonne de les regarder comme nos frères.

Dira-t-on que le Christ apporta sur la terre une résignation d’un genre inconnu, en arrêtant les représailles permises par le Créateur « qui demandait œil pour œil, dent pour dent ; » tandis que le Dieu nouveau nous enjoint « de tendre l’autre joue, et d’abandonner, après notre tunique, notre manteau lui-même ? » Eh bien ! soit ; le Christ ajouta ces enseignements à la discipline ancienne, mais comme un complément en harmonie avec elle. De là, obligation d’examiner si la loi de la patience n’est pas consignée dans le testament du Créateur.

S’il a dit par Zacharie : « Que l’homme ne nourrisse pas dans son cœur le souvenir du mal que lui a fait son frère, » dans ce mot, il a compris le prochain. La preuve en est ailleurs : « Qu’aucun de vous ne se rappelle les torts du prochain. » A coup sûr, il recommande la patience, celui qui défend jusqu’au souvenir de l’injure. Que signifie encore cet oracle : « La vengeance est à moi ; je tirerai vengeance au temps marqué ; » sinon que la patience attend avec calme la vengeance divine ? Autant il est impossible que le même Dieu, après avoir demandé œil pour œil, dent pour dent, comme représailles de l’injure, interdise