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vertes qui les rendaient pareils vaguement à de grands perroquets, adossés tous sur de larges sièges de repos près de houris aux yeux noirs, mangeaient dans des plats d’argent des choses inconnues sur terre, et buvaient l’eau de Selsibil dans des coupes d’or. Abd-er-Rhaman ne trouva point à ces élus un air aussi allègre qu’il s’y attendait, et il pensa qu’ils étaient bien difficiles. Puis l’eau de Selsibil l’emplit d’une grande joie, et il ne s’inquiéta plus de ce que ressentaient les autres.

Les serviteurs étaient des génies adolescents, dont les regards se voilaient si joliment sous leurs cils longs qu’ils donnaient envie de les baiser tous. Abd-er-Rhaman prit une orange dans un bassin d’argent que lui présenta un de ces génies ; et en ouvrant le fruit, il en vit sortir une manière de jouet vivant qui grandit en un instant jusqu’à devenir une femme plus belle que tous les désirs. Quand la nuit descendit, tendre et divine, il se retira avec sa compagne dans un pavillon fait d’une perle creuse ; et, comme il en passait le seuil, il entendit retentir à travers le jardin une grande voix qui lui sembla comme l’écho de l’allégresse qui chantait dans son cœur. C’était la voix mystérieuse qui chaque soir fait entendre aux élus ces paroles :