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rouges, semblables à la première, lui montrèrent tour à tour, en des visions soudaines, les trois pavillons redoutables. Il les dépassa tous trois sans tomber, le premier parce qu’il n’avait blasphémé ni Allah ni le Prophète, le second parce qu’il n’avait point fait de mal aux hommes, et le troisième parce qu’il n’avait point négligé les ablutions ni le jeûne.

Quand Abd-er-Rhaman fut au bout du pont, l’ange le laissa seul, et il se trouva devant une porte immense, qui s’ouvrit d’elle-même à deux battants. Il était dans le premier ciel, dont les murailles sont d’argent fin, et qu’habitent les Anges-Animaux. Chacun de ces anges a la forme d’une espèce de bêtes terrestres, et préside à ses destinées ; l’ange des rats a la taille de nos éléphants, et celui des éléphants la hauteur de nos palais. Les uns hurlent et les autres sifflent ; beaucoup s’entrepoursuivent et s’entrefuient ; et, toujours traqué par l’Ange-des-Loups, l’Ange-des-Moutons bêle et court lamentablement, et depuis des siècles n’a point cessé de bêler ni de courir. Abd-er-Rhaman ne fit que passer dans cette ménagerie ; et il traversa cinq autres cieux sans s’y arrêter davantage. Il y vit des pierres précieuses et de l’or, — trop d’or et de pierres précieuses, — des pavés de rubis,