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VII

C’était un lieu séduisant au premier abord que celui où Raphaël conduisit Abd-er-Rhaman. Des trônes y étaient disposés en nombre infini ; chaque élu en avait un qui lui était assigné, et Abd-er-Rhaman eut le sien comme les autres.

D’abord, il resta longtemps à sa place, immobile et comme en extase. Des milliers d’anges et de bienheureux chantaient des hymnes au Très-Haut, en s’accompagnant sur la harpe et sur le luth. Leurs instruments rendaient des sons bien autrement harmonieux que ceux des instruments terrestres de même nature, et leur chant était plus doux mille fois que n’est ici-bas celui de la calandre ou du rossignol. Si Abd-er-Rhaman eût connu l’Empyréologie et le traité des Occupations des Saints, il eût sûrement avoué sans difficulté que la musique céleste méritait le bien qu’en dit Henao, et que les voix des élus n’étaient point indignes des éloges qu’en fait Henriquez.

Cependant, peu à peu, le ravissement se dissipa, et Abd-er-Rhaman n’éprouva plus qu’un plaisir assez calme. Il en vint