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avait trouvé un moyen d’assurer son salut, en dépit de ses doutes, un expédient à la fois subtil et naïf, comme ceux des enfants ou des sauvages.

— Frach, dit-il, envoie quelqu’un me chercher le premier prêtre de la grande mosquée des chrétiens ; et, surtout, qu’on veille bien à ce que personne ne le voie entrer.

Lorsqu’il fut seul avec le prêtre, Abd-er-Rhaman lui déclara qu’à son lit de mort il entendait embrasser la foi chrétienne. Après quelques interrogations, le prêtre le jugea digne de recevoir les sacrements ; il le baptisa et le fit communier.

— Mon fils, lui dit-il ensuite, ayez confiance en Christ, car c’est lui le maître qui paie l’ouvrier de la dernière heure à l’égal de ceux de la première, et c’est lui le berger qui se sent plus de tendresse pour la brebis retrouvée que pour celles qui sont toujours restées au bercail.

— Frach, dit Abd-er-Rhaman, dès que le prêtre l’eut quitté, commande qu’on m’aille chercher l’iman de la mosquée de Sidil-Akdar.

Lorsque l’iman fut près de lui, Abd-er-Rhaman lui déclara qu’il mourait en fidèle croyant, et lui demanda la bénédiction mahométane.