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froid eussent encore augmenté. Quand il reprit enfin le chemin de sa maison, la nuit était déjà avancée. Le silence était absolu. Seulement, dans les sombres ruelles, on entendait de loin en loin le « ahan » rythmé d’un boulanger arabe, qu’on pouvait voir travailler, demi-nu, en regardant à travers les planches mal jointes du hânoutt.

V

Le lendemain, le vieil Abd-er-Rhaman ne put se lever. Il avait trop prolongé sa promenade nocturne. Une pleurésie se déclara, et s’aggrava jusqu’à ne plus laisser d’espoir.

Abd-er-Rhaman, étendu sur son lit, très sombre, ne répondait pas même aux paroles d’encouragement de ses serviteurs et des quelques amis qui venaient le voir. Maintenant qu’il se sentait mourir, ses incertitudes lui revenaient plus poignantes. Il était moins tourmenté par la douleur que par le doute ; il avait moins peur de la mort que de la vie future.

Enfin, un soir, comme il était au plus mal, le domestique mulâtre qui le veillait le vit sourire tout à coup. Le vieillard