put s’empêcher de retomber dans ses réflexions.
Avant de sortir, il avait relu la belle et étrange page du Koran sur Marie, mère de Jésus : « Fais mention de Myriam quand elle s’éloigna de sa famille, et qu’elle se dirigea du côté oriental… » Malgré lui, il songeait à Aïssa que les juifs avaient crucifié et qu’adoraient les chrétiens. Ne pouvait-il être vraiment le fils de Dieu ? D’après le Koran même, un ange annonça la naissance à Myriam, et elle le conçut par une opération surnaturelle. Allah avait-il jamais autant fait pour un autre prophète ? Et une telle faveur ne révélait-elle pas un être unique, supérieur à tout le reste des hommes ?
La mission de Mohammed, après tout, n’était pas si bien prouvée. Lui-même dans le Koran déclarait à vingt reprises qu’il n’avait pas reçu d’Allah le don des miracles. Aïssa le possédait, lui. Il guérissait les lépreux et les aveugles de naissance ; et même, avec un peu de boue, il façonna un oiseau qui se mit à voler.
Passe encore qu’Allah eût refusé le don des miracles à Mohammed ; mais lui avait-il vraiment accordé celui de connaître l’avenir ? Les prédictions du prophète ne se vérifiaient plus. « Si les infidèles vous combattent, avait-il dit, ils ne tarderont