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« C’est bien là », murmura-t-il ; et, tandis que de très vieux souvenirs lui revenaient à l’esprit, il demeura longtemps immobile, les yeux fixés sur cette maison dans ces ténèbres.

III

C’était bien dans cette maison, en effet, que soixante ans plus tôt le vieil Abd-er-Rhaman avait été à l’école pour la première fois, avec une foule d’autres enfants à la tête rasée, gravement vêtus déjà du burnous blanc à capuchon, pareils à de petites caricatures gracieuses et solennelles.

Abd-er-Rhaman était un enfant aux cheveux blonds et aux yeux bleus, un de ces Berbères dont le type témoigne clairement d’anciennes immigrations celtiques dans l’Afrique du Nord. De tous les écoliers qui venaient là il était le plus curieux de savoir. Aussi, plus tard, il étudia sous bien d’autres maîtres, et il apprit bien d’autres choses. Et comme il était riche, parvenu à l’âge d’homme, il ne fut point forcé de pratiquer un métier pour vivre, et pendant de longues années il continua paisiblement ses lectures et ses études.