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et vous vous êtes arrêté net… J’aurai dit sans doute quelque parole malheureuse ou j’aurai exprimé quelque idée contraire à vos convictions…

– Oui, je vous croirai ! fit Ivan Dmîtritch, se soulevant et regardant le docteur avec une ironie inquiète. (Ses yeux étaient tout rouges.) Vous pouvez aller essayer vos espionnages ailleurs ! Ici rien à faire. Depuis hier soir, j’ai compris pourquoi vous veniez.

– Étrange fantaisie ! murmura le docteur en riant. Alors vous vous figurez que je suis un espion ?

– Oui, je me le figure !… Espion ou docteur à l’examen de qui on m’a soumis, pour moi, c’est tout un.

– Ah ! en vérité, excusez-moi… quel original vous faites !

Le docteur s’assit sur un tabouret, près du lit d’Ivan Dmîtritch et secoua la tête d’un air blessé.

– Enfin, dit-il, admettons que vous disiez vrai ! Admettons que je vous écoute traîtreusement pour vous livrer à la police ; on vous arrête ; puis on vous juge. Serez-vous pendant la prévention et en prison plus mal qu’ici ?… Et si on vous déporte, ou même si on vous envoie aux travaux forcés, y souffrirez-vous plus que confiné dans cette annexe ? Je ne le crois pas… Alors qu’avez-vous à craindre ?