Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/183

Cette page n’a pas encore été corrigée

qui mirent les scellés dans la boutique et inventorièrent les meubles d’Avdiéiév.

Ne se sentant coupable en rien, et supposant en tout cela quelque machination, le marchand courait de bureaux en bureaux et portait plainte. Il restait dans les antichambres des heures entières, faisait écrire de longs placets, pleurait et se fâchait. À ses plaintes, le procureur et le juge d’instruction répondaient avec flegme :

– Vous viendrez quand on vous appellera ; maintenant nous n’avons pas le temps.

D’autres disaient :

– Ce n’est pas notre affaire.

Et le secrétaire, l’homme instruit, qui, semblait-il à Avdiéiév, pouvait l’aider, ne faisait que lever les épaules et répéter :

– Vous l’avez voulu ; il ne faut pas être un mouton…

Le vieillard multipliait ses démarches, et sa jambe était toujours molle et son estomac digérait de plus en plus mal. Quand l’oisiveté lui pesa et que la gêne commença, il résolut de s’en aller chez son père, au moulin, ou chez son frère, et de s’y occuper du commerce des blés. Mais on ne le laissa pas quitter la ville. Sa famille partit ; il resta seul.

Livré à lui-même, sans travail et sans argent, l’ancien marguillier passait des journées entières dans les boutiques de ses amis, buvait, mangeait,