Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/178

Cette page n’a pas encore été corrigée

– Prends garde de ne pas attraper toi aussi quelque chose, Ivan Danîlytch, observa un de ses amis.

– Moi ! Pourquoi ?

– Parce que… Ils ont volé, mais le Comité de surveillance, que faisait-il ? Tu as signé des comptes de gestion ?

– Ah ! que c’est facile ! dit en souriant Avdiéiév. Oui, j’en ai signé. On m’apportait les comptes dans ma boutique et je signais. Est-ce que je comprends ? Donne-moi ce que tu voudras, je paraphe. Écris que j’ai coupé le cou à quelqu’un et je signe ; je n’ai pas le temps de démêler. Et puis, sans lunettes, je n’y vois pas.

Après avoir parlé du krach de la banque et du sort de Piotre Sémiônytch, Avdiéiév et ses camarades allèrent manger un pâté chez la femme d’un de leurs amis qui célébrait sa fête. On ne parla que du krach ; Avdiéiév, animé plus que personne, assura qu’il l’avait prévu de longue date et que, depuis plus de deux ans, il savait que tout n’était pas net à la banque. Tandis qu’on mangeait le pâté, il énuméra une dizaine d’opérations illicites qui lui étaient connues.

– Si vous les connaissiez, pourquoi ne les dénonciez-vous pas ? demanda un officier.

– Je n’étais pas seul ; toute la ville savait !… dit en souriant Avdiéiév ; et puis je n’ai pas le