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troupe de la gare, où elles chargeaient des wagons de briques. Leur nez et leurs joues, au-dessous des yeux, étaient couverts de poussière de brique rouge. Elles chantaient. Lîpa venait en avant d’elles, chantant de sa petite voix grêle et faisant des roulades en regardant le ciel, comme triomphante et s’exaltant de ce que la journée, grâce à Dieu, fût finie, et que l’on pût se reposer. Dans la foule était sa mère, tenant un paquet à la main, et respirant avec peine.

– Bonsoir, Makârytch ! dit Lîpa, apercevant Béquille.

– Bonsoir, Lîpynnka ! dit Béquille avec joie. Femmes et enfants, aimez le riche charpentier, ho !… ho !… ho !… Mes enfants, mes enfants ! (la voix de Béquille sanglota) : mes petites hachettes chéries !

Iâkov et Béquille continuèrent leur chemin en causant.

Après eux, la foule rencontra le vieux Tsyboûkine, et tout à coup, il se fit un silence. Lîpa et Prascôvia s’arrêtèrent un peu, et lorsque le vieillard arriva auprès d’elle, Lîpa fit un profond salut et dit :

– Bonsoir, Grigôri Pétrôvitch !

Sa mère s’inclina aussi.

Le vieillard s’arrêta, et, sans rien dire, les regarda toutes deux. Ses lèvres tremblaient et