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chercher quelque chose de volé. Oui !… Chacun peut voler, mais comment cacher ? La terre est grande et il n’y a pas de place pour cacher quelque chose de volé…

– Dans notre village, chez les Goûntorev, dit Varvâra en soupirant, on a volé, la semaine dernière, un mouton et deux agnelles ; et personne pour les retrouver… Ah ! la la, la la !

– Eh bien quoi ? on peut les retrouver ! Ce n’est rien à faire ; on le peut.

Le jour du mariage arriva. C’était une fraîche mais claire et joyeuse journée d’avril. Dès le grand matin, on advint en voitures de tous côtés ; les grelots sonnaient aux troïkas et aux attelages à deux chevaux ; il y avait des rubans de couleurs dans les crinières et aux arcs des brancards. Inquiets de ces arrivées, les freux criaient dans les saules, et, éperdument, sans cesse, les sansonnets chantaient, comme s’ils se fussent réjouis qu’il y eût un mariage chez les Tsyboûkine.

Les tables, dans la maison, étaient déjà couvertes de longs poissons, de jambons, d’oiseaux farcis, de boîtes de conserves, de diverses salaisons et marinades, et d’une quantité de bouteilles d’eau-de-vie et de vins ; on sentait une odeur de saucisse fumée et de homard gâté. Le vieux passait autour des tables, frappant des talons et aiguisant des couteaux l’un sur l’autre. On appelait sans