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créant de nouveaux évêchés, envoyant des vicaires apostoliques et des missionnaires zélés dans les contrées les plus lointaines, nommant des délégués pour régler les questions religieuses. Quel élan n’a-t-il pas donné à la dévotion des catholiques en déclarant saint Joseph patron de l’Eglise universelle, en élevant la fête du Père nourricier de Jésus au rang de fête de première classe et en consacrant tous les catholiques du monde au Sacré-Cœur de Jésus ! L’un de ses derniers actes a été de rétablir la hiérarchie en Écosse, où la vraie foi fait chaque jour de nouvelles conquêtes.

Pie IX semble avoir consacré plus particulièrement les dernières années de sa vie à signaler et à flétrir les nombreuses erreurs qui minent les sociétés modernes. Combien de fois n’a-t-il pas élevé la voix pour mettre les fidèles en garde contre le « libéralisme dit catholique » qu’il a qualifié de « peste très-pernicieuse » et qu’il a dénoncé comme plus dangereux que les doctrines échevelées des communistes et des révolutionnaires. En effet, la sauvagerie de la Commune effraie. Il n’en est pas de même du poison subtil du libéralisme. Comme l’opium, le libéralisme nous plonge dans une douce mais fatale ivresse, il nous envoie des songes agréables mais trompeurs ; nous croyons voir ce qui n’existe pas et nous ne voyons pas ce qui est réel.

Le libéralisme que le Saint-Père a qualifié de « peste très-pernicieuse » n’est pas le radicalisme violent, turbulent, incendiaire, qui renverse les trônes, qui égorge les prêtres et les rois, qui pille les temples sacrés et les palais. Non, c’est une doctrine qui séduit beaucoup de bonnes âmes, comme l’a dit Pie IX lui-même, c’est une doctrine dont les adeptes n’enseignent pas la violence ; au contraire ils nous parlent sans cesse de modération, de conciliation, de tolérance, de liberté de conscience. Voilà pourquoi c’est une doctrine si dangereuse. Mais les paroles mielleuses que les catholiques libéraux nous répètent toujours cachent des principes erronés. Le libéralisme, en effet, cherche à soustraire la politique au contrôle de l’autorité religieuse, à rendre les gouvernants, les députés, les électeurs, les juges mêmes indépendants de la loi de Dieu, à leur donner deux consciences, une pour les affaires publiques, une autre pour la vie privée. Un instant de réflexion suffit pour nous convaincre de la fausseté et du danger de ces doctrines que Pie IX a tant de fois dénoncées.

Pie IX a aussi condamné la licence de la presse et le suffrage universel, ces deux puissants agents de l’enfer qui opèrent dans