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MÉLANGES

sera assez longue pour nous permettre d’approfondir les pourquoi de la science humaine.



UN DIMANCHE À LA CAMPAGNE


8 septembre 1881


Nous avons eu le plaisir de passer la journée de dimanche dernier avec notre excellent ami M. l’abbé A. Gingras, curé de Saint-Édouard de Lotbinière.

Pour un citadin malgré lui, c’est-à-dire pour un homme dont les premières années se sont écoulées paisiblement à la campagne et que les circonstances obligent plus tard à habiter les villes, une journée à la campagne n’est pas une mince affaire.

Quel repos, quelle tranquillité, quel bonheur on trouve dans une de nos belles paroisses, le dimanche surtout ! Pas de bruit, pas de poussière, mais un air pur, un silence éloquent qui contraste singulièrement avec le sifflet de la locomotive qui, le dimanche comme les autres jours, déchire sans cesse les oreilles des malheureux qui demeurent dans le voisinage du chemin de fer du Nord, propriété du peuple le plus religieux de l’univers, au dire de M. Fabre.

Et quand à toutes ces délices qu’on goûte à la campagne, vous ajoutez l’hospitalité franche et sincère d’un ami sympathique avec qui vous pouvez vous entretenir à cœur ouvert, alors une petite visite à la campagne fait époque dans la vie d’un homme.

Nous ne voulons pas blesser la modestie de M. l’abbé Gingras, car il est modeste quoiqu’il fasse des vers, mais nous ne pouvons nous empêcher de dire qu’il a prononcé un beau sermon sur les douleurs mystiques de Notre-Seigneur dans le Saint-Sacrement de l’autel, sur les outrages des uns et l’oubli des autres. Il planait dans les hautes sphères de la doctrine, et cepen-