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CHAPITRE IX. — PARMÉNIDE D’ÉLÉE.

au nord, les femelles au midi (15). Pour le reste de la génération des êtres vivants, il semble avoir indiqué la voie suivie par Empédocle (16). Enfin son opinion sur la formation des astres et de l’air (11) (12) a un certain rapport éloigné avec la doctrine d’Anaximandre.


III. — La Cosmologie.


9. C’est surtout dans sa cosmologie que Parménide paraît avoir suivi les enseignements scientifiques de Pythagore ; le fait qu’on lui attribue, en même temps qu’au Samien, diverses découvertes capitales (la sphéricité de la terre, avec la théorie des zones ; l’identification de l’étoile du soir et de l’étoile du matin) ne peut guère être expliqué que si on le considère comme ayant publié le premier ces vérités reconnues par le Maître.

J’ai déjà parlé (ch. VIII, 5, 7) de la sphéricité de la terre et de l’explication des phases de la lune ; quant à la reconnaissance de la planète Vénus, il ne s’agit point sans doute d’une découverte faite par Pythagore lui-même, mais d’une donnée empruntée aux barbares (Chaldéens ou Égyptiens) en même temps probablement que la connaissance des autres planètes. Toutefois, ici Parménide ne serait point le premier écrivain qui aurait réfuté l’erreur populaire, si, comme l’affirme Achille, il a été devancé par le poète Ibycus de Rhégium.

Mais, en dehors de ces points spéciaux, l’ensemble du système, pour tout ce qui, de la part de Pythagore, ne pouvait être l’objet que de conjectures, paraît offrir une originalité propre ou, s’il donne lieu à des rapprochements, c’est surtout avec les conceptions d’Anaximandre. Ceci ne doit pas nous étonner ; car, si les opinions physiques qui faisaient partie de l’enseignement exotérique ont été en majeure partie empruntées par Pythagore soit aux barbares, soit aux Hellènes, ainsi que semble l’indiquer le jugement que porte Héraclite sur lui, nul, plus qu’Anaximandre, ne pouvait lui offrir une mine précieuse.

Mais, d’un autre côté, si Parménide n’a nullement été ni le disciple ni le continuateur de Xénophane, il en connaissait certainement les poésies, et celles-ci ont pu être un autre canal par où lui seront arrivées au moins certaines expressions du Milésien. Il y a là une possibilité dont il faut tenir compte, au point de vue particulier de la recherche que nous avons entreprise.