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et à garder l’amitié des gens de bien. J’ay une extrême consolation de voir que mes lettres vous divertissent quelquefois, et que vous ne croyés pas mal employer le port qu’elles vous coustent. Les vostres sont tousjours bonnes et sensées à vostre ordinaire. Je ne fais que de recevoir vos dernières du 28 novembre où vous monstrés un si beau souvenir de l’hostel de Rambouillet et de toute la famille de Mme de Clermont. J’y feray visite exprès pour leur en donner la joye et leur monstrer que vous n’y estes pas aymée et estimée sans raison.

Le 23 janvier 1640, Mme de Flamarens étant à Montastruc, Chapelain lui adressa cette lettre qui dut être pour elle, au milieu des boues et des frimas de la campagne, comme un de ces vivifiants rayons de soleil qui déchirent les vilains brouillards d’une matinée d’hiver (p. 562) :

Madame, je ne vous escriray cette fois que pour ne vous envoyer pas sans compagnie la lettre que Mme la comtesse de Maure m’a prié de vous faire tenir. Mais pour ce que peut-estre elle vous y parle de moy, il est bon que vous sachiés qu’elle a désiré que je la visse et, comme elle dit, que nous fissions amitié ensemble. Ce que vous ne doutés point que je n’aye receu avec joye et tenu à grand honneur, n’y ayant guères de personnes à la Cour qui la vaillent et sa vertu estant relevée par un esprit qui n’en voit guères qui lui ressemblent[1]. Il est vray que ces raisons n’ont pas été les seules qui m’ont fait accepter les offres de sa bienveillance et qu’estant accablé d’affaires aussy bien que de connoissances, peut-estre n’eussé-je pas esté au devant de ses propositions, si je ne vous eusse considéré là dedans. J’y ai moins regardé mon avantage que le vostre et je m’y suis porté principalement pour ce que j’ay creu que sa familiarité me serviroit à l’entretenir dans la bonne opinion que vous luy avés laissée de vostre vertu et à nourrir l’affection qu’elle a pour vous dont il ne vous peut arriver que du bien et de la consolation.

  1. Éloge à rapprocher du non moins grand éloge que Balzac a fait à diverses reprises de la nièce du maréchal de Marillac (Anne Doni d’Attichy), notamment dans la lettre à Conrart, du 25 septembre 1648 (p. 873 de l’in-fol. de 1665), et à joindre aux témoignages flatteurs réunis autour du nom de cette femme si remarquable, par M. Victor Cousin (la Société française au xviie siècle), par M. Léon Aubineau (Notices littéraires sur le xviie siècle, Paris, 1869, in-8o, p. 92-173) et par M. Ed. de Barthélemy (Madame la comtesse de Maure, sa vie et sa correspondance. Paris, J. Gay. 1863, in-12).