Page:Tamizey de Larroque - Deux jardiniers émérites : Peiresc et Vespasien Robin.djvu/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 11 —

Revenons au Dr Hamy pour lui prendre une autre historiette très gentiment contée (p. 12) : « Ici se place, dans la correspondance de Peiresc avec Vespasien Robin, ce que l’on peut appeler l’épisode du jardinier. Il s’agit de remplacer à Belgentier un praticien qui s’est laissé tellement gaigner au vin qu’il est tout abesty, sans sçavoir plus travailler. Il a notamment fait pourrir la plupart des belle anémones de Valavez en les arrosant indiscrètement[1] qui est une bien notable perte, car il y en avait d’excellentes et qu’on n’avait jamais veues à Paris. C’est Robin qui va trouver un successeur à cet ivrogne en la personne d’un sieur George, Suisse de naissance, intelligent aux parterres, et qui a servi deux ans chez le primat de Lorraine. Il l’expédiera le 23 juin 1628 avec ce qui pouvait lui faire besoing pour se conduire et quelques outils. Je m’arrête juste assez sur cette anecdote, pour en tirer une nouvelle preuve des excellents rapports qui régnaient dès lors entre notre simpliciste et le grand érudit provençal. »

Je voudrais bien emprunter un autre extrait au narrateur — il fait si bon emprunter à ceux qui ont beaucoup ! —, mais cela m’entraînerait trop loin et toucherait presque à la contrefaçon. Je recommanderai donc tout simplement au lecteur ce qui regarde le rare végétal connu sous le nom de Coral arbor, arrivé de Séville à Belgentier en 1628, et qui vivait depuis quatre ans déjà dans le jardin de l’heureux concurrent de Peiresc, le Narcisse Jacobie entré à la même époque dans le plus beau jardin

  1. L’intempérant jardinier répandait sur les malheureuses anémones toute l’eau qu’il ne mettait pas dans son vin.