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LA FRANC-MAÇONNERIE

dont la destruction est son unique objet… » Quatrième fait, et qui est peut-être le plus saisissant : une modification capitale est introduite, à cette époque, dans le recrutement maçonnique. Les Loges, jusque-là, ne s’affiliaient que des hommes d’un certain rang, des nobles, des artistes, des écrivains, des négociants, des bourgeois, ou même des petits bourgeois, mais ne descendaient jamais plus bas. Tout à coup, en 1787, elles s’affilient des crocheteurs, des portefaix, des rôdeurs, des flotteurs de bois, des « tapedur », et toutes sortes de brigands de rues ou de grands chemins, d’assassins et de malfaiteurs de profession. Subitement aussi, on reçoit en masse, par ordre du grand maître le duc d’Orléans, des multitudes de gardes-françaises, et leurs officiers, francs-maçons de longue date, quittent même alors les Loges, pour ne pas s’y rencontrer, sur le pied de l’égalité, avec leurs subordonnés[1].

Ainsi, la Franc-Maçonnerie au dernier degré de l’extension, de la puissance et de la

  1. Barruel, Mémoires, t. V, chap. ii, p. 97.