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ils pouvoient à cause de leur qualité, et on les accommoda. M. d’Orléans l’a aimée, et M. le comte (de Soissons) aussi. Il en contoit auparavant à madame la princesse de Guémené, belle-fille de M. de Montbazon, et la rivale de la duchesse. Elle l’obligea, à ce qu’on m’a dit toutefois, de faire une malice à madame de Guémené ; ce fut de faire semblant de remettre ses chausses, comme il entroit du monde. Il le fit, et après en demanda pardon à la belle. J’ai dit ailleurs pourquoi M. le comte quitta madame de Montbazon. Bassompierre l’entreprit ; mais il n’en put rien avoir, je ne sais pourquoi. Hocquincourt, fils du grand prévôt, aujourd’hui maréchal de France, est un de ceux dont on a le plus parlé. Lorsque les ennemis prirent Corbie, sur le bruit qui courut que Picolomini avoit dit que s’il venoit à Paris, il vouloit madame de Montbazon pour son butin, pour se moquer de ce franc Picoüard qui étoit toujours sur les éclaircissements, et qui n’a pas le sens commun, on fit un cartel de lui à Picolomini et la réponse. Il y avoit au cartel :

« Moi, M. d’Hocquincourt, gouverneur de Péronne, Montdidier et Roye,

« À toi, Picolomini, lieutenant-général des armées de l’empereur en Flandre, fais savoir que ne pouvant souffrir davantage les cruautés exercées dans mes gouvernements, je désire en tirer raison par l’effusion de ton sang. J’ai choisi le lieu où je veux vous voir l’épée à la main. Mon trompette vous y conduira ; ne manquez de vous y trouver, si vous êtes un homme de bien, avec une brette de quatre pieds de long pour terminer nos différends. »