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M. SERVIEN[1].


Son père étoit procureur général des États de Dauphiné ; sa mère étoit demoiselle. Il fut procureur général à Grenoble, puis maître des requêtes. Il a eu un frère chevalier de Malte. Il avoit un parent bien proche qui étoit homme d’affaires. Le comte de Saint-Aignan épousa la fille de cet homme[2].

Il aima mieux être sous-secrétaire d’État que chef d’un corps qui le haïroit[3]. Chavigny, à qui le cardinal avoit reproché qu’il ne s’attachoit pas comme Servien à son emploi, ne cherchoit que l’occasion de le débusquer. Voici comme elle se présenta : Servien badinoit avec une chanteuse nommée mademoiselle Vincent, et avoit une chambre chez elle, où il travailloit à ses affaires quand il avoit travaillé à autre chose. Le prétexte étoit qu’elle avoit un mari que Servien disoit

  1. Abel Servien, né en 1594, mort en 1659.
  2. L’alliance de Saint-Aignan renversera la fortune des enfants de Servien ; car le duc lui doit sept cent mille livres. Servien lui prêta de quoi acheter la charge de premier gentilhomme de la chambre ; il en doit tous les intérêts qui montent à deux cent mille livres, en cette année 1667. (T.)
  3. On l’envoya intendant de justice en Guienne ; le Parlement de Bordeaux donna des arrêts contre lui, ne voulant point recevoir d’intendant. Le Roi ôta la charge au premier président, et la donna à Servien ; mais, avant qu’il y fût installé, il vaqua une charge de secrétaire d’État, et on lui donna le choix. (T.)