Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/69

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pour p....., il aimeroit mieux la fille d’Henri II[1] que celle de madame d’Estrées, qui étoit morte au bordel ; » et pour avoir dit aussi à madame la duchesse[2] même, qui disoit qu’un gentilhomme de ses voisins avoit mis ses enfants sous le poêle en épousant celle dont il les avoit eus, « que cela étoit bon pour un héritage de cinq ou six mille livres de rentes, mais que pour un royaume elle n’en viendroit jamais à bout, et que toujours un bâtard seroit un fils de p..... » À la vérité ces paroles sont un peu bien rudes, mais le Roi devoit considérer que M. de Sancy étoit homme de bien, et qu’il lui avoit rendu de grands services.

Il avoit en effet soudoyé à ses dépens les Suisses en grand nombre qu’il amena à Henri IV[3]. Il mourut pauvre avec un arrêt de défense dans sa poche. Plusieurs fois il lui est arrivé d’être pris par les sergents ; il se laissoit mener jusqu’à la porte de la prison, puis il leur montroit son arrêt et se moquoit d’eux.

Il avoit un fils qui fut page de la chambre de Henri IV. Las de porter le flambeau à pied, il trouva moyen d’avoir une haquenée. Le Roi le sut et lui fit donner le fouet. Il juroit toujours pa la mort ; on l’appela Palamort. C’étoit un assez plaisant homme. Il trouva une fois madame de Guémenée sur le chemin

  1. Marguerite de France, reine de Navarre, épouse divorcée de Henri IV. Tallemant lui consacre un article peu après.
  2. La duchesse de Beaufort, Gabrielle.
  3. Harlay de Sancy, pour procurer des secours à Henri IV, mit en gage chez des Juifs de Metz un très-beau diamant. Cette pierre a été réunie aux diamants de la couronne. Il ne faut pas la confondre avec le Pitt ou le Régent, qui est d’un poids beaucoup plus considérable.