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M. DE TERMES[1].


M. de Termes savoit bien mieux la guerre que son frère, M. de Bellegarde, qui ne la savoit point du tout, et il étoit capable de commander ; il avoit la survivance de la charge de grand-écuyer. C’étoit un fort bel homme de cheval, mais le plus puant homme du monde. Les dames attendoient quelquefois pour le voir passer à cheval. Il eut un coup de fauconneau aux guerres des Huguenots, qui lui mit les deux genoux en dehors ; pour réparer ce défaut, il portoit ses jarretières en dedans. Avec tout cela il dansoit fort bien.

Il étoit de fort amoureuse manière. Rien ne fit tant de bruit que la galanterie d’une fille de la Reine-mère, nommée Sagonne. Il alla familièrement coucher avec elle dans le Louvre. La gouvernante fit du bruit, il sauta par la fenêtre, mais il laissa son pourpoint ; c’étoit au premier étage du Louvre sur le perron. Les gardes de la porte le laissèrent sauver ; il étoit assez aimé, puis on pardonne aisément les crimes d’amour. La demoiselle fut chassée, et lui exilé ; mais il fit bientôt sa paix. J’ai ouï dire à un vieux porte-manteau du Roi, nommé Véron, qu’il lui avoit tenu une échelle pour traverser d’un côté de rue à l’autre, à un troisième étage, afin d’aller voir une religieuse. Il se mit jambe

  1. Frère de Roger de Saint-Lary, maréchal de France et duc de Bellegarde.